Science & rationalisme
Autonomie des chercheurs et des mondes savants
Militer pour la science.
Les organisations rationalistes en France 1930-2005
Ed. Ehess 2019
Cet ouvrage paru au printemps 2019 propose une histoire des organisations rationalistes en France depuis 1930.
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Certains savants considèrent que la science s'arrête aux portes des laboratoires. D'autres passent leur temps à promouvoir auprès des citoyens "l'esprit scientifique", estimant que la science n'est pas seulement une profession mais le pilier d'un espace public reposant sur la vérité. C'est à ces derniers que s'intéresse ce livre, qui cherche à rendre compte des conditions sociales et intellectuelles de l'engagement public des savants en faveur de la science et du rationalisme.
En effet, même si les organisations rationalistes décrites dans cet ouvrage dépassent rarement le millier d'adhérents, elles constituent pour les sciences sociales un objet qui permet de poser des questions inversement plus larges que celles que leur taille ou leur relative confidentialité pourraient laisser supposer. Elles donnent à voir comment, et par quels processus la "vérité" ou la "défense de la science" peuvent être durablement érigées en argument politique et mobilisées dans l'espace public par les amateurs de science ou par les savants eux-mêmes, d'une manière différente de génération en génération, des combats anticléricaux des années 1930 jusqu'aux débats sur le principe de précaution au début du XXIe siècle.
Les Gardiens de la Raison : enquête sur la désinformation scientifique
La Découverte,
2020
Dans ce livre co-écrit avec les journalistes d'investigation Stéphane Foucart et Stéphane Horel, nous explorons les mutations des stratégies de lobbying et la capture de l'argument rationaliste par les industriels.
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Aujourd’hui, la cible privilégiée des influenceurs n’est plus seulement le ministre, mais le professeur de biologie de collège, le blogueur et tout passeur de science. Explorant les nouvelles frontières du lobbying, cette enquête dévoile les stratégies de manipulation employées par les marchands de pesticides, de pétrole ou d’alcool pour promouvoir leur « bonne » science et s’emparer du marché de l’information scientifique. Elle montre comment les nouvelles stratégies industrielles visent toujours plus à faire porter "par en bas", pas des mouvements amateurs de science ou des "micro-influenceurs" les messages jusqu'ici portés par des pseudo-instituts de recherche.
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Enquêter :
de quel droit ?
Ed. du Croquant, 2009
Dans ce livre co-dirigé avec Frédéric Neyrat, nous revenons sur la question de l'autonomie de la recherche en sciences sociales face à la judiciarisation des rapports sociaux et notamment sur la question des procès faits aux chercheurs.
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Face aux normes éthiques et aux règles juridiques qui régissent la vie privée ou la propriété intellectuelle, les sociologues et plus largement tous les chercheurs en sciences sociales, se voient de plus en plus souvent opposer les droits des personnes enquêtées ou d'autres principes supérieurs, jusqu'à subir parfois une menace sur la réalisation de leur enquête ou sa publication. Cet ouvrage a pour objet ces tensions entre droit à l'enquête et droit des enquêtés, ce croisement conflictuel entre la légitimité scientifique et différents registres possibles de mise en suspens de l'enquête. Il est aussi l'occasion de faire le point sur les droits que peuvent faire valoir les chercheurs en sciences sociales mais aussi leurs devoirs face à une judiciarisation des rapports sociaux qui pourraient menacer à terme leur autonomie.

Autres publications sur le sujet depuis 2010

Depuis 2010, j'ai publié plusieurs papiers ou tribunes sur l'autonomie de la recherche :
- « L’ethnographie en procès. Enjeux contemporains autour de l’éthique de l’enquête de terrain », Genèses, 2022/4 (n° 129), p. 7-13
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- "Derrière la « crise » du free speech : l’université rêvée des industriels libertariens », Mouvements, 2022/4 (n° 112), p. 126-136.
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- Avec Stéphane Foucart et Stéphane Horel, "Les gardiens autoproclamés de la science", AOC, décembre 2020, postface en ligne des Gardiens de la raison.
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- "L'autonomie des sciences sociales en état d'urgence ? Etat des lieux de la situation française dix ans après le colloque 'Enquêter : de quel droit ?'", Sociologie et sociétés, printemps 2020, vol. LII, n° 1, p. 47-68.
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- Avec Marie Hermann, préface à Jacques Bouveresse, Les premiers jours de l'inhumanité, Hors d'atteinte, 2019 (et entretien avec l'auteur).
- Avec Thibaud Boncourt, Raphaëlle Branche, Christel Coton, Marielle Debos, Mathias Delori, Chowra Makaremi et Christophe Wasinski, "Pour des recherches sur la guerre indépendantes", Carnet Zilsel, juin 2018.
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- Entretien avec Thierry Dominici, "Des sciences sociales sous surveillance. Récit d'une enquête sociologique interrompue par un juge d'instruction", Carnet Hypothèses de l'Association française de sociologie, mars 2016.
- « Le Simmel de Freund. Sociologie d’une importation sélective », in Denis Thouard et Bénédicte Zimmermann, Georg Simmel : Le parti pris du Tiers, Paris, CNRS éditions, 2017, pp. 33-55.
• Avec Frédéric Neyrat, « Le chercheur saisi par le droit : l’enquête et les sciences sociales en procès ?” », in Sylvain Laurens et Frédéric Neyrat (dir.), Enquêter, de quel droit ? Menaces sur l’enquête en sciences sociales, Bellecombe en Bauges, éditions du Croquant, 2010.
